Nous avons interviewé Inès et Thifany, jeunes lycéennes engagées du projet Wi-Filles.
Wi-Filles est un programme
d’initiation aux métiers l’informatique réservé aux filles. L’objectif de cette association est de
faire des collégiennes et lycéennes participantes des ambassadrices des
filières informatiques, où les filles sont en général peu représentées. Une équipe U-Report est venue à la rencontre des Wi-filles à l'occasion d'un atelier, et ce fut l'occasion d'échanger sur les bonnes pratiques à adopter sur le web, mais aussi de construire ensemble un sondage diffusé via U-Report. Le thème? "Les dangers du web".
Inès et
Thifany, ambassadrices Wi-Filles et participantes à l'atelier, reviennent sur leur parcours, leur expérience et ce qui les a poussé à construire un sondage sur le sujet.
Inès
J’ai 16 ans et demi et je suis en 1ère ES (Économique et sociale). J’ai rejoint Wi-Filles en seconde après le passage d’un intervenant dans notre classe pour nous présenter l’association. Je pensais que je n’étais pas faite pour l’informatique, alors que c’est maintenant tout à fait le contraire. J’hésite encore entre travailler dans le commerce ou dans le milieu de l’informatique, plus particulièrement en cybersécurité.
Wi-filles, selon moi, est une association qui consiste à sensibiliser les filles à l’informatique et les pousser à s’orienter vers des filières scientifiques. Cette association ouvre des portes, dans le sens où l’on rencontre des professionnels, des ingénieurs, etc. On visite parfois des entreprises pour découvrir les choses de l’intérieur, voir si les femmes sont bien intégrées, et franchement ça donne envie !
Thifany
J’ai le même âge qu’Inès. C’est en intégrant Wi-filles que j’ai su vers quelle filière m’orienter. Je suis maintenant en 1ère S-SI (Sciences de l’ingénieur) car je me sentais à l’aise dans le domaine après avoir fait du code et du montage. Je ne sais pas encore exactement vers quel métier je veux me diriger, mais j’apprécie vraiment cet univers.
Wi-filles
nous aide à mieux nous connaitre. Je trouve que c’est un très beau projet. Cela
nous permet d’apprendre des choses et des métiers que l’on n’imaginait même pas.
On se dit : « Ah ? Moi en tant que fille je peux faire ces
métiers ? »
Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec notre équipe de l’UNICEF et votre expérience avec U-report, cet outil de mobilisation et d’engagement auprès des jeunes?
Inès
Une équipe de l’UNICEF est venue nous expliquer comment sont mis en place les sondages. On a pu en savoir plus sur ce qui fonctionnait bien auprès des internautes et comment rendre les messages attrayants. Avec les travaux menés et les réponses échangées, on a décidé de faire un sondage Wi-filles sur les dangers du web.
À mon échelle, j’essaye d’améliorer les choses dans plusieurs domaines. Je ne connaissais pas U-report, je ne suis pas le genre de personnes qui va spontanément s’informer sur ce type d’initiative. Il faut qu’on vienne me chercher, c’est un de mes petits défauts. Mais donner son avis sur des sujets est important, c’est ça pour moi être une jeune engagée. On sous-estime trop souvent la parole du « jeune engagé », mais je trouve que c’est cette parole-là qui fait changer les choses.
Thifany
Je ne connaissais pas U-report non plus, mais depuis cette présentation je réponds aux sondages sur Twitter. Cela m’apprend des choses sur ce qui se passe autour de moi. Je trouve cet outil très utile, il nous permet de donner notre avis via internet ou lors de rassemblements. Pour moi, être engagée, c’est ça, c’est s’investir dans la société, c’est donner son avis et être présent dans le mouvement.
Pourquoi avoir choisi comme thème du sondage « les dangers du web » et quelle est votre expérience personnelle face à ces dangers ?
Thifany
Cela devait être une séance d’une journée, on a lancé le thème et finalement ça a pris plusieurs jours. On a eu l’idée d’en faire un site internet et un sondage, ça nous a paru évident. Je n’ai pas été personnellement mise en danger sur le web, mais j’ai connu des filles qui ont été victimes de harcèlement sur le web, par des ados mais aussi par des personnes plus âgées.
Inès
C’est parti de rien, on a eu une
discussion entre nous sur les dangers du web. On en a cité plusieurs et cette
discussion a pris de l’ampleur. Nous pensons que le danger est omniprésent sur
internet, je ne m’en rendais pas compte, mais depuis je me méfie. J’ai déjà été
touchée par l’, ce n’était pas grave mais cela aurait pu le devenir. J’ai
plusieurs amies qui ont été harcelés en
ligne, j’ai appris de leurs erreurs. J’ai de la chance de ne pas être tombée
dans certains pièges et de ne pas avoir vécu ce qu’elles ont vécu.
Pensez-vous que les jeunes soient assez informés de ces dangers ? Quels conseils leur donneriez-vous dans une telle situation?
Thifany
On devrait faire bien plus attention à ce que l’on poste, et à qui va le lire. Le mieux est d’en parler à quelqu’un, que ce soit un adulte ou un ami, parce que souvent on se ferme et on n’en parle pas. Pour moi, c’est ça la solution. Fermer le compte et quitter définitivement les réseaux sociaux n’est pas forcément la meilleure solution car le problème peut se répercuter dans la vraie vie.
Inès
Les adultes interviennent dans nos classes mais ne comprennent pas forcément ce que l’on vit, ou même pourquoi les jeunes passent autant de temps sur les réseaux sociaux. Souvent, nous n’avons pas les bons outils contre ces dangers. J’ai proposé que l’on se mobilise avec Wi-filles, et qu’on aille nous-mêmes, entre jeunes, sensibiliser des jeunes dans différents lycées. On s’est retrouvées devant des élèves qui n’avaient jamais entendu parler du « Dark Web » et cela m’a motivée de voir que lors de nos passages dans les classes, nous sommes parvenues à les sensibiliser.
Quand se retrouve dans une telle situation, c’est important de pouvoir en parler à ses amis. Si quelqu’un vient me voir après avoir été la victime de harcèlement, je pourrai l’aider et lui montrer les précautions à prendre.
Pour plus d'informations sur Wi-Filles, rendez-vous sur wifilles.org/